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Éditeur :
Luc Foucault

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André Maltais
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Numéro 38
Décembre 2002
Imprimer ce numéro (15 p.)
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Numéro 35 (2001)
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Ecole Polytechnique - Bibliothèque

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Échos de la boîte à suggestions


Notre cote vous chicote?

"Je crois que tel livre serait mieux classé s'il avait tel indice de classement plutôt que celui que vous lui avez attribué"

Ce genre de commentaire ne nous est pas souvent acheminé mais revient quand même assez régulièrement pour que nous y consacrions aujourd'hui toute notre rubrique des " Échos de la boîte à suggestions ".

Habituellement, nous ne donnons pas suite à une demande de reclassement de livre même si, la plupart du temps, l'indice de classement (ou " cote ") proposé par l'usager reflète mieux le contenu d'un ouvrage que la cote existante. Autrement dit, même si le demandeur a raison.

Pourquoi ?

D'abord (première raison) parce que le but premier d'un indice de classement n'est pas de refléter le contenu exact d'un ouvrage. Certes, il doit le faire de manière minimale, mais sa véritable raison d'être est de permettre aux usagers du catalogue de localiser physiquement les ouvrages repérés qui les intéressent.

En ce sens, l'important est que, pour un ouvrage donné, la cote apparaissant à l'ordinateur soit la même que celle inscrite sur son étiquette. Chaque cote est unique, tant dans le catalogue que dans les rayons.

Ensuite (deuxième raison) parce que modifier un indice de classement implique de ramener un ouvrage dans notre atelier de " préparation matérielle " et de le ré-étiqueter : enlèvement du protège étiquette transparent et de l'étiquette existante, dactylographie d'une nouvelle étiquette et recollage de celle-ci avec un nouveau protège étiquette.

On comprendra qu'un livre a bien d'autres chats à fouetter dans une bibliothèque que de se faire ré-étiqueter !

Enfin (troisième raison), une part de subjectivité entre dans l'analyse du contenu d'un volume. Modifier une cote peut plaire à la personne qui en fait la demande mais, du coup, ne plus convenir à d'autres qui jugeaient l'ancienne satisfaisante. À tout prendre, on se dit qu'une cote en vaut souvent une autre …

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Mais, cela étant dit, on n'alloue pas les indices de classement de façon totalement arbitraire. Le but des cotes est également de regrouper sur les rayons les ouvrages selon le sujet principal qu'ils abordent. Ce regroupement permet aux usagers qui ne passent pas par le catalogue de " magasiner " directement dans les rayons de la Bibliothèque un peu comme dans un super-marché.

Si, par exemple, je sais que les turbines à gaz sont à l'indice de classement " TJ 778 ", je peux me contenter de visiter régulièrement cette petite section de la bibliothèque dans l'espoir d'y retrouver les nouveaux ouvrages sur le sujet.

Mais, attention, tous les ouvrages traitant des turbines à gaz ne se trouvent pas à la cote " TJ 778 ". Loin de là !

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En fait, plusieurs raisons expliquent d'apparentes " erreurs de cote ". En voici les principales :

  1. La première est qu'un ouvrage ne peut avoir qu'un seul indice de classement même s'il couvre plusieurs sujets en égale importance ou plusieurs aspects d'un même sujet.

    Par exemple, un ouvrage sur la fabrication de la bière et du vin sera classé soit avec les ouvrages sur la bière (TP 577), soit avec ceux sur le vin (TP 548) ou soit à un niveau plus général avec les ouvrages sur la fabrication des boissons alcooliques (TP 505). En conséquence, quelqu'un qui se promène dans nos rayons pourra rencontrer une dizaine d'ouvrages sur le même sujet à " TP 577 " et un ou deux autres à " TP 505 " et conclure à autant d'erreurs.

    De même, un ouvrage sur l'hélium sera classé à " QC 145.45 " (théorie physique et mécanique), " TP 245 " (chimie industrielle), " TL 666 " (aéronautique) ou " TN 883 " (présence dans le gaz naturel) selon l'angle principal sous lequel le sujet est traité.


  2. Une grande partie des cotes allouées à nos livres l'ont été par d'autres bibliothèques et, pour gagner du temps, notre personnel accepte ces cotes telles quelles sans les vérifier.

    Il s'agit de livres dont la notice, créée ailleurs, est " importée " dans notre catalogue par voie automatique, nous évitant ainsi de recommencer le travail de description bibliographique.

    La consigne donnée au personnel est alors la suivante : " si la cote a déjà été attribuée par une bibliothèque fiable, ne la vérifiez pas ". Notre liste d'institutions " fiables " comprend la Bibliothèque du Congrès (LC) à Washington, les bibliothèques nationales du Canada et du Québec, la bibliothèque de l'ICIST (Institut canadien de l'Information scientifique et technique), celle de l'Université Laval, etc.

    Parfois (heureusement pas souvent !), ces bibliothèques " fiables " nous jouent des tours en nous transmettant quelques cotes " citrons " que nous ne voyons pas toujours.


  3. Il arrive aussi que des changements interviennent dans l'outil de travail que nous utilisons pour établir et construire les cotes, soit, les " Tables de classification LC " (Bibliothèque du Congrès). Bien sûr, chaque fois que de tels changements surviennent ils rendent caduques un certain nombre de cotes qui avaient été assignées auparavant et auxquelles nous n'allons pas toucher.

    Ainsi, en informatique, les progrès rapides de la discipline nous obligent sans cesse à composer avec la création de nouvelles cotes, le déplacement d'autres, la scission ou la fusion de certains sujets, etc. La Bibliothèque appliquera ces changements aux nouveaux livres mais les anciens conserveront les traces du passé au risque de paraître " mal classés " (à moins que ce soient les nouveaux qui courent ce risque !).

    Un autre exemple est l'environnement. Pour ce domaine du savoir en pleine expansion, la Bibliothèque du Congrès vient de créer la nouvelle sous-classe GE. Nous classifions donc depuis peu la plupart de nos ouvrages en environnement dans cette sous-classe, alors que les livres plus anciens traitant des mêmes sujets demeurent répartis dans les sous-classes TD, QH, HC et autres, là où, à l'époque, on les avait classés, faute de mieux.

  4. Il arrive aussi que, dans le but de regrouper sur les rayons certains ouvrages appartenant à une même collection, la Bibliothèque leur alloue une cote commune correspondant au principal sujet traité dans la collection.

    Par exemple, un ouvrage sur le comportement des matériaux à haute température qui devrait se voir attribuer la cote " TA 417.7 " pourrait se retrouver à la cote " TA 401 " s'il fait partie d'une série de 20 volumes sur les matériaux de construction en général.

    L'exemple ultime illustrant cette pratique est sans doute la collection " Que sais-je ? " dont nous avons réuni les spécimens sous la cote " AC 20 " correspondant aux ouvrages généraux (compte tenu du large éventail de sujets couverts par cette collection). Pourtant la plupart des " Que sais-je ? " que nous avons acquis devraient normalement être éparpillés aux quatre coins des classes T (technologie) et Q (sciences).
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Que conclure de tout ça ? Disons que, même si on ne corrige pas une cote que vous trouvez inexacte, c'est pas une raison pour que vous gardiez ça pour vous. On veut le savoir puisqu'il y aura toujours de nouveaux volumes à classifier et que, les fois suivantes, nous pourrons peut-être appliquer vos suggestions. Peut-être aussi que votre commentaire nous amènera à vous apprendre que le sujet qui vous intéresse se trouve généralement sous telle cote, mais aussi sous telle et telle autre, augmentant encore vos chances de trouver dans vos domaines de prédilection.

Tout ça pour dire que si notre cote vous chicote, c'est toujours mieux si on en placote …

André Maltais